
Soranos ou Soranus est né en 98 à Ephèse, ville située sur le littoral ouest de l’Asie Mineure, au niveau actuellement, de la Turquie. Il est un médecin gréco-romain et auteur de plusieurs traités notamment le Traité sur les maladies des femmes, ouvrage en quatre livres. Ce dernier peut être considéré comme l’écrit le plus complet de l’Antiquité. Il a été redécouvert en 1830.
Il existe très peu de données sur sa vie mais d’après le Souda, encyclopédie grecque de la fin du Xe siècle, il aurait effectué des études à Alexandrie avant de rejoindre Rome, sous le règne des empereurs Trajan puis Hadrien.
Il est l’auteur de pas moins d’une trentaine d’ouvrages dont seulement deux traités ont été retrouvés: le Traité sur les maladies des femmes dont nous allons plus nous intéresser et un Traité sur les maladies aigües et chroniques.
Son ouvrage sur les maladies des femmes débute par le portrait, selon lui, de la sage-femme idéale. Il fait la distinction entre la sage-femme qui doit être suffisamment qualifiée dans la pratique et le médecin qui maîtrise la théorie et les connaissances en médecine et chirurgie. Selon sa description, la sage-femme doit se charger des cas simples et en cas de complications, elle doit se référer aux médecins. Comme à l’heure actuelle, les compétences de la sage-femme se limitent à la physiologie.
A l’Antiquité, certaines femmes sont décrites sous les termes de obstetrix ou medica. Leur définition exacte est mal connue mais obstetrix signifie littéralement celle qui se tient devant, rappelant sa position par rapport à la femme qui accouche. Ce dernier terme est souvent assimilé aux sages-femmes alors que le terme medica désigne des médecins-gynécologues accoucheuses. Sur le relief en terre cuite de la tombe de Scribonia, sage-femme, on retrouve la position de cette dernière comme décrite précédemment.

Dans son traité, Soranos aborde la gynécologie où il décrit les prolapsus, les fibromes utérins ou encore certains types d’aménorrhée. En obstétrique, il décrit certains états pathologiques de la grossesse notamment les vomissements gravidiques, les œdèmes des chevilles ou les avortements spontanés. Au niveau de l’accouchement, il décrit le fait que le fœtus doit être « propulsé » par des contractions de l’utérus. Selon Hippocrate, seule la présentation céphalique était réalisable par voie basse. Soranos, lui innove en décrivant la réalisation d’une version par manœuvre interne en cas de présentation transverse ou podalique en saisissant les pieds du fœtus afin de le tourner.
Il y aborde aussi l’avortement tardif, notamment si le fœtus se retrouve enclavé dans le bassin, c’est-à-dire qu’il n’arrive pas à sortir. Il faut alors sacrifié le fœtus afin de sauver la vie de la mère. Dans ce cas-là, il décrit plusieurs pratiques : l’embryotomie qui consiste à découper le fœtus in utero et utiliser des crochets afin d’enlever les morceaux. Il décrit aussi la cranioclasie qui consiste à écraser le crâne du fœtus pour réduire ses dimensions afin de le sortir. Cette pratique s’est répandue en Europe., notamment en Angleterre où un cadavre a été retrouvée au IVe siècle. Aujourd’hui, elle reste utilisée en médecine vétérinaire.
Une autre partie de l’ouvrage est réservée à la puériculture et à la pédiatrie où il décrit , par exemple, comment bien choisir une nourrice. Selon lui, les meilleures nourrices ne doivent pas boire d’alcool, avoir plusieurs enfants, afin de mieux les connaître, être âgées de 20 à 40 ans et être choisies selon la qualité de leurs seins et de leur lait. Dans cette partie, il aborde aussi la manière dont il faut couper le cordon, comment emmailloter, langer ou baigner le nouveau-né.
Dans une dernière partie, il y décrit les termes atokion et conception. Atokion est un remède qui empêche la conception, ce que l’on rapporterait aujourd’hui à la contraception. La conception correspond, selon lui, à la rétention et à la fixation de l’embryon. Il conseille aux femmes, avant le coït, d’appliquer sur leur col de l’huile, du miel ou de la gomme de cèdre afin de bloquer la semence. Il conseille aussi de pratiquer ce qui l’appelle, le coït interrompu, en « glissant en arrière » puis d’effectuer une douche vaginale et des bains de siège pour éviter la conception. Il décrit dans son ouvrage, quatre recettes contraceptives à base de plantes à prendre par voie orale. Ces recettes empêchent selon lui la conception mais peuvent aussi provoquer des avortements dangereux pour les femmes.
Le terme de phtorion désigne le remède qui tue l’embryon, c’est-à-dire l’avortement. Pour un avortement précoce, il conseille la marche prolongée et énergétique, le saut et le port de charges lourdes, le jeûne et les bains. Cependant, il déconseille l’utilisation d’instruments pointus.
Soranos d’Ephèse peut être considéré comme le père de l’obstétrique. Un médecin qui a valu sa réputation à la maîtrise de deux techniques : la manœuvre par version interne de la présentation podalique et l’avortement tardif afin de préserver la santé de la mère aux dépends de celle du fœtus.