Louise Bourgeois, accoucheuse de Marie de Médicis (1563-1636)

Louise Bourgeois, dite La Boursier, est une sage-femme connue pour être l’accoucheuse de Marie de Médicis lors de la naissance de Louis XIII, surnommé le Dauphin et avoir écrit le premier livre d’obstétrique incluant des données d’anatomie.

Elle naît en 1563 à Paris de parents aisés. Elle épouse en 1584, un chirurgien des armées du roi, Martin Boursier. Elle donna rapidement à trois enfants. Durant la guerre civile qui frappe le pays de 1585 à 1598, son mari est engagé dans les armées du roi et s’absente de nombreuses fois. Elle se voit obligée, avec ses enfants et sa mère, de quitter les faubourgs Saint-Germain, qui vont bientôt être assiégés (mars 1590) et se retrouve alors sans ressource.

Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle commence à donner des cours de broderie et écrit des ouvrages sur ce sujet. De retour de la guerre, Martin et sa famille reviennent à la capitale.

La crainte d’être une nouvelle fois dans le besoin et la rencontre avec celle qui l’a aidé à accoucher, pousse Louise Bourgeois sous les conseils de cette dernière, à apprendre le métier de sage-femme. Après avoir appris les bases de l’anatomie grâce à son mari, elle étudie les ouvrages d’Ambroise Paré, considéré comme le pionnier de la chirurgie moderne. Pendant cinq ans, elle réussit à pratiquer chez des personnes ici et là avant d’être reçue le 1er novembre 1598. Le jury de réception ce jour-là, est composé d’un médecin, de deux chirurgiens et de deux sages-femmes. Louise, raconte elle-même les difficultés qu’elle put ressentir ce jour-là et particulièrement l’hostilité émanant surtout des deux sages-femmes, Madame Dupuy et Madame Péronne, qui voit en elle un danger pour leur profession du fait que son mari soit un chirurgien « elle s’entendra avec ces médecins […] Il nous faut recevoir que les femmes d’artisans qui n’entendent rien à nos affaires.« 

Elle exerce dans les années qui suivirent dans tous les milieux de la capitale. Elle acquiert une renommée auprès des femmes de la cour et devient ainsi en 1601, la sage-femme de Marie de Médicis.

Marie de Médicis est la seconde femme de Henri IV. Le mariage se déroule par procuration à Florence puis le couple se rencontre à Lyon avant de consommer le mariage dès le soir même. 9 mois plus tard, le 27 septembre 1601, Marie de Médicis donne naissance au château de Fontainebleau, au dauphin, Louis, futur Louis XIII dans la chambre appelé cabinet du roi. Louise Bourgeois est appelée vers minuit par le roi lui-même, car les douleurs de sa femme deviennent très intenses. Le roi se montre présent, très soutenant envers son épouse, mais aussi inquiet. Le travail fut très long, plus de 22 heures.


Au XVIIe siècle, la tradition veut que pour un premier accouchement royal celui-ci se fasse en public afin d’attester de la filiation. Ainsi, lorsque le roi vu sa femme prise de grandes douleurs vers 2 heures du matin, il pensa que la naissance était imminente, il demanda alors qu’on aille chercher les princes de sang : les princes de Conti, de Soissons et de Montpensier. Cependant, ils repartirent rapidement, voyant que l’attente allait être encore longue. Durant toute la durée du travail, le roi resta auprès de sa femme, se faisant juste relayer lorsqu’il devait s’absenter un bref instant, pour manger par exemple.

La salle d’accouchement fut préparée selon la tradition : un lit de travail en velours rouge brodé d’or et des chaises pliantes pour les médecins et les spectateurs.

Lorsque l’accouchement fut imminent, on apportera la chaise obstétricale. Lors de la naissance, la première inquiétude du roi fut de connaître le sexe de son enfant. La joie et le soulagement l’envahissent lorsqu’il apprend de la bouche de la sage-femme que c’est un garçon. Louis XIII est né un peu affaibli et la sage-femme avec l’accord du roi lui insuffla du vin dans la bouche comme il était coutume à l’époque.


Louise Bourgeois aida la reine pendant un peu moins de neuf ans à accoucher de ses six enfants. En devenant la sage-femme de la reine, Louise Bourgeois put prétendre à la haute fortune.

En 1627, elle aida Marie Bourbon de Montpensier, femme de Gaston d’Orléans, frère du roi, a donné naissance à la Grande Mademoiselle, Anne-Marie d’Orléans. Malheureusement, Marie mourut six jours plus tard des suites de l’accouchement. L’autopsie pratiquée par des chirurgiens conclut de la présence dans l’utérus de débris placentaires. Louise Bourgeois fut alors accusée de négligence. Cependant, elle se défend en affirmant que les médecins présents à l’accouchement avaient vérifié que la reine-mère se portait bien. Malgré cela, elle fut rejetée de la cour.

Louise Bourgeois, fut aussi, la première sage-femme à écrire un livre d’obstétrique Observations diverses sur la stérilité, perte de fruits, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés publié en 1609. Il s’agit d’une série d’observations basées sur son expérience personnelle et professionnelle : elle tenait un carnet à chaque accouchement où elle notait ce qu’elle pouvait observer, diagnostiquer. Elle insiste dans son ouvrage sur le fait que du fait d’être une femme, elle est, selon elle, plus à même de comprendre le corps féminin. Grâce à ses écrits, elle permet l’enseignement d’autres sages-femmes. Elle participa au cours de sa vie à plus de 2000 accouchements. Elle meurt à Paris en 1636.


L’accident survenu lors de l’accouchement de la Duchesse d’Orléans, insista notamment le roi Louis XIV, a appelé le chirurgien Clément pour l’accouchement de sa femme. L’arrivée de chirurgiens-accoucheurs sur des naissances ordinaires et non plus seulement pathologiques commence.

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